La richesse des ethnies en Mongolie

La richesse des ethnies en Mongolie

17 novembre 2024 0 Par Marie-Agnès

La Mongolie, vaste territoire d’Asie centrale, est souvent associée à l’image des steppes infinies et du mode de vie nomade. Mais derrière ces paysages imposants se cache une incroyable diversité ethnique qui façonne l’identité du pays. Les différentes tribus mongoles et les minorités ethniques enrichissent la culture mongole avec leurs propres traditions, langues et modes de vie. Cet article explore les principales ethnies présentes en Mongolie, notamment les khalkhas, bouriates, kalmouks, kazakhs, touvains ainsi que les groupes moins connus comme les tsaatan, uriankhai, dorvods et darkhad.

Les khalkhas et les tchakhar : cœur historique et culturel de la Mongolie

Les khalkhas constituent le groupe ethnique le plus important de Mongolie. Représentant environ 80% de la population, ils occupent principalement la région de la Mongolie centrale et jouent un rôle central dans l’histoire et la politique mongoles. Appartenant initialement aux grands clans, les khalkhas ont toujours été au cœur des grands événements qui ont façonné le pays, notamment l’unification des tribus sous Gengis Khan.

Très proches des khalkhas tant sur le plan linguistique que culturel, les tchakhar habitent principalement la région de Mongolie intérieure en Chine. Bien que maintenant séparés territorialement, les khalkhas et les tchakhar partagent une longue histoire commune marquée par des alliances et des conflits.

Les particularités culturelles des khalkhas

La culture khalkha se distingue par ses richesses artistiques et musicales, telles que le chant diphonique (khoomei) et la musique traditionnelle jouée avec le morin-khuur, un instrument à deux cordes emblématique de la Mongolie. Leur mode de vie reste fortement influencé par les traditions nomades, même si une partie significative vit aujourd’hui dans des villes comme Oulan-Bator.

Le festival Naadam, célébré chaque année, est un événement majeur pour les khalkhas, regroupant des compétitions de lutte, de tir à l’arc et de courses de chevaux — activités étroitement liées à leur héritage nomade.

Les oirates et les bouriates : diversité occidentale et orientale

Les oirates, aussi appelés Oïrats, forment une autre ethnie mongole importante. Historiquement localisés dans l’ouest de la Mongolie, ils sont proches de le parc national de l’Altaï Tavan Bogd en Mongolie. Les oirates sont composés de plusieurs sous-groupes tels que les Dorvods, les Torguts, et les Khoshuuds. Ils possèdent une riche tradition épique, dont les récits oraux continuent à jouer un rôle crucial dans la transmission culturelle.

En termes de langue, les oirates parlent un dialecte distinct du mongol khalkha, bien que les deux soient mutuellement intelligibles. La distinction entre ces dialectes reflète la profondeur et la complexité du patrimoine linguistique mongol.

Les bouriates : un pont entre la Mongolie et la Sibérie

Les bouriates, vivant principalement en Russie dans la région de Bouriatie, forment l’un des plus grands groupes mongols en dehors de la Mongolie actuelle. Leur présence est également notable dans les provinces nord-est de la Mongolie où ils sont reconnus pour leur agriculture et leur élevage de céréales.

La culture bouriate intègre des éléments bouddhistes et chamaniques, créant une synergie unique de pratiques religieuses. Les danses et chansons traditionnelles des bouriates gardent vivantes les histoires de leur connexion avec la nature et les esprits.

Les kalmouks : lien entre la steppe mongole et l’Europe

Peuple fascinant, les kalmouks vivent essentiellement en Russie, dans la République de Kalmoukie. Migrant vers l’Ouest au XVIIe siècle, ils sont les descendants des Oïrats qui ont décidé de quitter la Mongolie pour échapper aux conflits internes. La Kalmoukie demeure la seule région d’Europe où le bouddhisme est majoritaire, attestant des racines profondes des kalmouks dans la culture mongole bouddhiste.

Les kalmouks ont maintenu vivante leur langue et leurs coutumes, malgré les vicissitudes historiques, incluant la déportation massive sous Staline et la période soviétique. Aujourd’hui, ils travaillent activement à la revitalisation de leur identité culturelle et linguistique.

Les touvains et les daringangue : tribus du centre et du sud-ouest

Les touvains, ou tuviniens, résident majoritairement en République de Touva en Russie, mais on trouve également quelques communautés en Mongolie. Leur langue, le touvain, appartient au groupe altaïque et partage des similarités avec le mongol. La culture touvaine est profondément plongée dans le chamanisme, visible à travers leurs rituels spirituels et leurs rites de guérison.

Les daringangue, quant à eux, sont basés principalement dans la région du Sud-Gobi en Mongolie. Ce groupe ethnique conserve des traditions anciennes et des modes de vie lignés sur ceux des grandes steppes mongoles. Leurs compétences équestres et leur mode de vie pastoral restent essentiels à leur identité collective.

Particularités de la culture touvaine et daringangue

L’art vocal des touvains est particulièrement remarquable. Comme les khalkhas, ils pratiquent le chant diphonique, mais avec des techniques et des styles distincts. Cette forme musicale complexe continue d’attirer l’attention des ethnomusicologues et des amateurs de musique du monde entier.

Les daringangue, de leur côté, sont célèbres pour leur maîtrise de la fauconnerie. Cette tradition ancienne joue un rôle vital dans leur quotidien, où les aigles ne sont pas seulement des compagnons de chasse, mais aussi des symboles de statut social.

Autres groupes ethniques importants

Outre les principales tribus mentionnées précédemment, la Mongolie héberge diverses autres ethnies qui ajoutent à la richesse culturelle du pays. Les tsaatans, connus aussi sous le nom de « dukhans », vivent dans les régions septentrionales et sont l’un des derniers peuples nomades à vivre exclusivement de l’élevage de rennes. Leur mode de vie unique attire de nombreux anthropologues, curieux de comprendre comment ce peuple a su préserver ses traditions malgré les influences extérieures contemporaines.

Les uriankhais, peuplant également les zones montagneuses, sont réputés pour leur habileté à survivre dans des conditions climatiques rigoureuses. Leur engagement envers les pratiques chamaniques rappelle les anciens liens entre les peuples de la steppe et les forces naturelles entourant leur existence.

Les darkhad : un peuple attaché à ses racines chamaniques

Les darkhad occupent des parties de la province de Khövsgöl, célèbre pour son magnifique lac du même nom. Ce groupe ethnique renforce la mosaïque culturelle de la Mongolie grâce à sa stricte adhérence aux rites chamaniques, qui jouent un rôle fondamental dans leur vie quotidienne. Les lamaseries de cette région sont des lieux cruciaux où se perpétuent ces coutumes millénaires.

Malgré la modernisation progressive de la Mongolie, les darkhad continuent de mener une existence semi-nomade, équilibrant la préservation de leurs traditions et l’adaptation aux changements actuels.

Enfin, il est impossible de parler des diversités ethniques de la Mongolie sans mentionner les groupes kazakhs, qui vivent principalement dans l’ouest du pays. Ces derniers sont les gardiens d’un riche patrimoine culturel turc influencé par la religion islamique, s’ajoutant à la complexité et à la richesse de la mosaïque ethnique mongole.